CENTRE FRANC COMTOIS DE PLONGEE

CENTRE FRANC COMTOIS DE PLONGEE

LA PLONGEE ET LES SENIORS
Nat

INTRODUCTION :

L?Observatoire de la qualité de vie au quotidien créé par Sodexo, qui analyse le comportement des consommateurs, montre bien que nous sommes passés du temps des ? Vieux ? des années 1970 à celui du ? 3ème âge ? dans les années 1980 pour être aujourd?hui au temps des ? Seniors ?. Souvent de connotation négative, ce mot ? senior ? à l?origine désignait en latin les guerriers romains les plus âgés, considérés comme les plus valeureux et les plus respectables, ceux qui possédaient l?expérience, la sagesse. Le senior marketing a établi six critères : l?âge, la santé, l?argent, l?activité professionnelle, le temps disponible et la génération pour définir ? les masters ? de 50 à 60 ans, les ? libérés ? de 60 à 75 ans, ? les paisibles ? de 75 à 85 ans et les ? grands aînés ?.

En France les plus de 60 ans représentent désormais 21,3% de la population contre 19,9% en 1990, alors que la part des moins de 20 ans diminue : 24,6% contre 26,5% dix ans plus tôt. En 2050 selon les projections de population estimées par l?INSEE, 35% de la population aura plus de 60 ans.

Le corps médical est aujourd?hui face à un phénomène de société où après 60 ans il y a une demande de poursuite ou de reprise d?activités sportives. La pratique de la plongée sous-marine en est une.

LA PLONGÉE CHEZ LES « SENIORS » :

De plus en plus la plongée en scaphandre tend à devenir une activité de loisir au même titre qu?une activité sportive. L?engouement pour la plongée après le phénomène ? Grand Bleu ? n?a pas touché uniquement les enfants mais aussi les ? seniors ? de plus de 60 ans. Si les clubs enfants fleurissent un peu partout, si les médecins se sont penchés sur l?incidence de la pratique d?activités subaquatiques chez les plus jeunes, si les fabricants ont travaillé pour mettre au point un matériel adapté et si des procédures particulières ont été établies par les fédérations pour faire plonger les enfants dés l?âge de 8 ans, bien peu de choses pour les plus de 60 ans.

Et pourtant, phénomène nouveau, si l?on rencontre toujours ces ? vieux ? plongeurs qui pratiquent cette activité familière depuis des dizaines d?années et qui font partie de l?histoire de la plongée, nombreux sont ceux qui découvrent cette activité sportive et de loisir après 60 ans. Retraités, disposant de temps libre, voyageant de plus en plus, forme physique entretenue, ils représentent une part non négligeable des plongeurs débutants en milieu tropical.

RAPPELS DE LA PHYSIOLOGIE DU VIEILLISSEMENT :

Nous rappellerons rapidement l?évolution physiologique du corps humain avec l?âge :

la consommation maximale d?oxygène (VO2 Max), elle baisse à partir de 20 ans, mais peut être ralentie par un entraînement en endurance régulier.

La fréquence cardiaque maximale diminue avec l?âge (Fcmax = 220-âge chez le sujet sédentaire mais sera supérieure chez un sujet actif) et un rythme cardiaque élevé sera moins bien supporté.

Augmentation plus marquée de la tension artérielle d?effort.

Le débit cardiaque, qui au repos reste identique chez le sujet jeune et le sujet âgé, augmente chez le sujet âgé à l?effort, mais de façon moins marqué pour chaque palier d?effort pour atteindre un Qcmax bien inférieur à celui du jeune et un arrêt de l?exercice plus précoce.

La fonction respiratoire : il y a une réduction de 50 % des possibilités ventilatoires. La ventilation par minute est de 130l/mn à 20 ans, 112 à 40 ans et 65 à 70 ans (du même ordre pour le VEMS et la capacité vitale).

Amyotrophie : entre 30 et 60 ans, le sédentaire perd 1/3 de sa masse musculaire active remplacée par des éléments non contractiles et augmente sa surcharge pondérale. La force musculaire décroît.

Le déficit sensitivo-sensoriel : au niveau de la vue, de l?ouïe, de la proprioception, de l?appareil vestibulaire gênant toute activité motrice donc physique et sportive.

Si on laisse de côté les maladies éventuellement accompagnatrices (HTA, BPCO, ostéoporose, ?), toutes les études montrent qu?il est possible et même souhaitable de reprendre une activité physique et sportive après 60 ans et même chez des sédentaires depuis plus de 35 ans sous surveillance et conseils d?un médecin.

La pratique de la plongée sous-marine, en l?absence de maladies chroniques évolutives ou de contre-indication à la pratique de cette activité, un plongeur âgé, en bonne forme physique peut continuer ou apprendre à plonger après un examen médical soigneux. Cependant quelques réflexions s?imposent, dues à certaines spécificités mises en jeu dans cette activité sportive un peu particulière.

LA PLONGÉE SOUS-MARINE CHEZ « LES SENIORS » :

Premier problème : celui de s?équiper ; le matériel est souvent lourd, les combinaisons difficiles à enfiler, la souplesse des épaules est moindre, les lombalgies fréquentes et il faudra attacher une grande importance sur ce point pour que tout soit fait sans effort, avec des gestes simples et un équipement adapté. De même, à la mise à l?eau ou en remontant sur le bateau, se déplacer avec un bloc sur le dos ou l?utilisation d?une échelle seront autant d?efforts à fournir que seule une bonne forme physique peut permettre.

Des conseils sur le choix du matériel peuvent être donnés et surtout pour les anciens plongeurs attachés à leur bouée tour du cou ou à leur vieille combinaison, une stabilizing jacket assure un confort supérieur et son utilisation en surface est plus aisée. Une combinaison neuve en néoprène souple et bien isolant assurera une protection isotherme fondamentale chez les plus de 60 ans, car comme chez les plus jeunes il faudra toujours se méfier des refroidissements favorisant les essoufflements et les accidents de décompression.

Penser aussi à la vue qui baisse avec l?âge et peut rendre délicate la lecture des matériels de mesure, et aussi au port éventuel d?un appareillage dentaire.

Par ailleurs, le laxité tympanique est moindre et il faudra savoir ? prendre son temps ? pour descendre.

Mais à côté de tous ces petits problèmes qui peuvent être gérés relativement facilement, il ne faut pas oublier que l?adaptation cardio-vasculaire à l?effort est moindre, de même que la qualité des échanges gazeux pulmonaires, d?où l?importance d?une visite médicale annuelle.

Et enfin qu?en est-il de la désaturation en azote ? Le dégazage semble se faire plus lentement chez un sujet âgé du fait d?un moins bon fonctionnement du filtre pulmonaire, que ce soit pendant la remontée, aux paliers ou entre deux plongées. Les résultats d?une étude intéressante faite sous la direction de Bernard GARDETTE ont été présentés en septembre 1996 au congrès de l?European Undersea Biomedical Society (EUBS) analysant trois facteurs ? favorisant les bulles ? : la vitesse de remontée, le poids et l?âge (figure 1 et 2). Concernant l?âge, il semble incontestable qu?après 40 ans la production de bulles est plus importante (étude réalisée avec 20 plongeurs masculins effectuant des plongées de profil identique) et que ces plongeurs seraient plus exposés au risque d?accident de décompression.

CONCLUSIONS :

Alors quels conseils donner à un retraité de 60 ans désireux de partir à la découverte de ce nouvel univers ?

Tout d?abord, l?importance d?un examen médical rigoureux et attentif tous les ans chez un médecin ayant une bonne connaissance de la plongée et des contre-indications médicales à la pratique de la plongée en scaphandre.

Cet examen visera à :

apprécier les conditions physiques et la morphologie du sujet ;

réaliser un examen clinique complet ;

demander un bilan biologique (en particulier recherche de dyslipidémie) ;

demander des examens complémentaires :

de la sphère O.R.L. parfois (tympanométrie et audiogramme) ;

de l?appareil cardio-vasculaire toujours (ECG et test d?effort annuel après 60 ans) ;

de l?appareil pulmonaire parfois (radiographie, épreuve fonctionnelle respiratoire).

A côté de cette visite médicale annuelle, la pratique d?une activité physique régulière sera conseillée et, à côté des conditions générales de sécurité habituelles, on retiendra principalement :

un équipement adapté, pratique à utiliser et une bonne combinaison ;

une bonne hydratation après la plongée ;

ne pas plonger si l?on se sent fatigué ;

éviter les efforts à terre, sur le bateau et sous l?eau ;

plonger dans la limite de la courbe de sécurité, avec un palier de sécurité obligatoire.

Si tous ces conseils seront assez facilement acceptés par le plongeur néophyte de 60 ans, beaucoup plus difficile sera à faire passer le message chez un ? vieux ? plongeur totalisant plus de 1000 plongées, habitués à plonger à 40 m ou plus !



Derni?re modification le 07-07-2010 ? 11:08:17
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